Les « glissements fonctionnels »

Le paradoxe de la logique de l’efficacité, de la compétition et de l’individualisme est qu’il tendent vers l’uniformisation et l’exclusion, – tare administrative, violence des marchés -.

La table des matières d’une économie de la singularité, de la distinction et des propositions logiques, serait remplie de dispositifs d’information et de jugement, de médiation.

Mais l’ignorance et le préjugé résident au coeur du syndrome n.s., dont le troisième effet destructeur, la folie raciale, est un produit de l’idéologie du « völk », née à partir de l’opposition à Napoléon et à la révolution française.

Mais qui peut aussi avoir été utilisée cyniquement depuis les salons « occultes », dans le but d’invertir le dogme et le rite de la Communion de  Pâques; c’est ce que Schmitt ne sait pas ou refuse à voir, lui qui prétend le défendre contre la séparation de l’église et de l’Etat…

Six sources textuelles donnent les affluents du fleuve « Mein Kampf » (1923-26 – Hitler / Hess, Haushofer, Stempfle) :

Un bord externe universitaire, « présentable »…

MK/1- le Traîté sur l’inégalité des races, de A. Gobineau

MK/2- la « géopolitique » de « l’avancée vers l’est », de F. Ratzel

MK/3- « l’écologie » raciste, de E. Haeckel

Ce plan d’éxécution de parties de la société, au profit d’une sélection eugéniste et d’une croissance hiérarchisée « racialement », revient sur les procédures d’émancipations; il en obtient le blanc-seing de clergés.

Pour B. Stempfle, l’intention de « vengeance chrétienne contre le peuple deïcide », est ce bruit de fond de l’histoire qui se fond si parfaitement – depuis 1492 – avec la « supériorité blanche » de K. Haushofer. Et nous savons, notamment par Ian Kershauw, que les feuilles de papier étaient apportées à la prison de Landsberg par Winifred Wagner: la fable en sera allemande.

La mécanique est duelle et donne le sens; l’opérateur flou donne l’intensité: la langue des croyances se sert du vocabulaire de celle des marchandises, pour retrouver l’accord, perdu par la faute des Lumières et de sa « métaphysique », avec la philosophie de l’histoire: Spengler, Chamberlain ou Rosenberg, les marqueurs n.s. , pourtant en état de rêve éveillé, auront pour vocation la stricte description empiriste, résumée par le lieutenant-colonel Krick, du SD de la Gestapo:  » la vie quotidienne…ses petits tracas, ses joies…débarrassée enfin de la métaphysique nihiliste« , un néologisme bientôt heideggerrien et de circonstance, pour un matérialisme tout neuf, d’accord avec cet autre matérialisme qu’est la magie noire, au foyer démonique de l’ésotérisme raciste (tel que la « théo-zoologie » de G. L. Lienbenfiels).

Ensembles destinés à revenir sur l’avancée religieuse en terme de « sacrifice » (substitution n.s. de Pâques par l’anniversaire du Führer) :

MK/4- The coming race, de E. Bulwer-Lytton

MK/5- La doctrine secrète, de H. Blavatsky

MK/6- Les runes secrètes, de G. List

Ce recueil, sur les origines mythiques et le destin sans égal de « la race des seigneurs » (Herrenvölk), s’accorde avec la mécanique performative de la première partie, pour décrire une société « aryenne » supérieure autant qu’imaginaire (plus que symbolique cf J. Lacan).

Or, Himmler le déclare, en 1943 à Posen: « la page magnifique restera non-écrite… »: ce silence menteur lié la destruction et à « l’ésotérisme », redoublé du suicide final, a impliqué la recherche de preuves, autant que leur organisation (les critères de « la personnalité autoritaire »- T. Adorno, l’orgonométrie – W. Reich, l’économie narrative – J.P. Faye…).

Les six sources principales de « l’Anti-bible » seront, par exemple, complétées par les « protocoles des Sages de Sion » (pp 325 à 327 pour diverses éditions de Mein Kampf ), dont l’historien français Edouard Husson mentionne l’insistance crédule d’Hitler, – mais qui peut aussi signer un fond de perversité, avec l’annonce d’une politique de conspiration millénariste -.

Pour tenter de saisir ce type de conte « qui se déconte », la présente étude (pour « l’archéologie des savoirs » (M. Foucault) afin de restituer l’information au plus près de ses emmeteurs; et par la « nouvelle histoire » qui cherche à définir des « nouveaux objets »), isole un sombre « syndrome n.s. » agi par un opérateur flou, et décrit, sur une échelle de conversion, le passage du fascisme au nazisme, pour singulariser les thèmes n.s..

Le théorème post-hégelien de Georges Bataille: « le dictateur est l’esclave de ses propres règles » concerne particulièrement « l’opérateur flou n.s. », qui va subir la condamnation la plus globale, pour être replacé dans l’histoire telle qu’elle se trame, à partir d’un mot meurtrier et du maelström de ce prédicat, – dans le style nocif du tout aussi peu scientifique « anti-sémite » – : « race » désignait un caractère de la « lignée », appliqué jusqu’au 16ème siècle à la noblesse et aux animaux, soutiré à l’Eglise pour justifier l’asservissement dans la progression colonisatrice, est passé dans le vocabulaire. Et si une classification « raciste » est reprise par Voltaire, Buffon, Kant ou Linné, qui affecte l’anthropologie jusqu’au années 1960, elle fût combattue déjà par Montesquieu, Rousseau et les frères Humboldt, jusqu’à Einstein et Freud.

Malaise dans la civilisation: alors qu’en France l’affaire Dreyfus va coaliser les droites, un nouveau type de prison en barbelé va disséminer horizontalement sur la terre, le principe terriblement vertical de la puissance blanche…dès 1896, à Cuba, pour les femmes et les enfants créoles, sous l’égide de l’Espagne; en1899, en Afrique du sud, pour les Boers et sous l’égide des Britanniques.

Heinrich Goering, dirigeant une colonie allemande, institue un système d’apartheid, précurseur, en Afrique du sud-ouest. Premier gouverneur de la Namibie, la repression commence en 1884 et « finit » vingt ans plus tard, par le massacre général des Herero, sous le général Lothar von Trotha, sur « ordre impérial d’anéantissement » (1904): 60 000 victimes, à quoi s’ajoutent 10 000 Nama tués; des groupes non-insurgés seraient aussi fortement affectés: San (Bushmen) et Damara (cf Serge Bilé).

« Konzentrationslager« , utilisé, pour la première fois, dans un télégramme de la chancellerie daté du 14 janvier 1905, radicalise le sens de destruction du terme espagnol « reconcentracion » – déjà expérimentée à petite échelle pendant la Guerre de dix ans (1868/78) – et à l’anglais « concentration camp« .

Lorsqu’il oppose Eros à Thanatos, lorsqu’il prescrit le domptage des pulsions, Freud determine les enjeux à venir…

Himmler l’Artaman, dans ce tableau théorique, ne serait plus que l’entité « agie » par le contre-sens et l’acculturation, rythmée par la mystérieuse « pulsion de mort »; de même pour Goering – fils, chargé de régler les modalités d’une « solution finale de la question juive » en 1941, par Hitler, lui dont les premières figures d’altérité honnies étaient slaves -comme peut-être son grand-père-.

Deux thèses sur l’action de ces anti-personnages se conjuguent et cherchent leurs limites: pour les « intentionnalistes », c’est un parcours orienté vers un objectif génocidaire juif, clair dès le départ. Les « fonctionnalistes » ajoutent un flou d’intentions et surtout la sinuosité, les détours et l’improvisation, les impasses, dont le régime féodal nazi, conglomérat de bandes en lutte sous l’arbitrage énigmatique du Führer, ne serait sorti qu’en radicalisant à chaque fois la persécution.

La grandiose religion du néant qui trouvait moderne de réactiver le sacrifice humain, et malgré d’impressionantes « retraîte aux flambeaux », « commémoration des seize martyrs » et « cérémonie du drapeau de sang », cachait ses objectifs primaires derrière la justification de guerre (antidatation de l’Action T4, au 01/09/39).

« Solution complète », « traîtement spécial », « Est »… ce « camouflage verbal » (R. Hilberg) servait -sinon la culpabilité-, au moins une sorte de peur, une pudeur qui trahissait une limite, un trouble réglé par un « devoir de maquillage ».
Il faudrait mieux chercher – ailleurs – l’endroit où la vérité reprend son sens de réalité:

Fin des années trente, Dumézil découvre la « fonction tripartie » des anciens indo-européens ( « arya » en sont « les nobles » (sanscrit)). Aussitôt, les nazis intègrent cette nouvelle donnée, de sorte qu’après-guerre, Dumézil est accusé à tort de nazisme.

Le chercheur français qualifie le procédé nazi par un terme désormais central à l’étude du syndrome n.s. : « le glissement fonctionnel ».

L’un des exemples entre tous serait l’annexion du « devoir kantien » prétexté par Eichmann, à son procès (1961), quand en réalité, dans le régime n.s., le devoir se pliait au fuhrerprinzip…

Ce rapport à la langue même trahi un sado-masochisme destiné à s’infiltrer dans la société, en économie désirante.

Selon Erich Fromm, afin de comprendre en grande partie les rapports de Hitler aux masses allemandes:
« Mein Kampf nous offre de multiples exemples d’un désir sadique de puissance. L’auteur méprise et « aime » les masses allemandes d’une manière significative et il libère ses impulsions hostiles en les déchaînant contre ses adversaires politiques. Il observe que les foules éprouvent de la satisfaction dans la domination. »

D’autre part, la psychologie hitlérienne est un bon exemple du mécanisme de projection qui justifie le sadisme en tant que défense contre les supposées agressions et conspirations anti­germaniques:

« Le peuple allemand et lui [Hitler] sont toujours innocent et leurs ennemis des brutes hypocrites. Cette partie de sa pro­pagande relève du mensonge conscient et délibéré. Elle revêt pourtant, dans une certaine mesure, la même « sincérité » émo­tive qu’on décèle dans les accusations paranoïaques. Chez le névrosé, celles‑ci servent toujours à se défendre contre des êtres inventés de toutes pièces pour servir d’exutoire à son propre sadisme et à sa soif de destruction. »

Or , « le fascisme, écrivait Wilhelm Reich en 1942, en tant que mouvement politique se distingue de tous les autres partis réactionnaires par le fait qu’il est accepté et préconisé par les masses  »

Source http://www.anti-rev.org/textes/Brohm00a/

Le fascisme entretient l’adhésion psychopolitique au chef, là où le nazisme la saisie pour son projet, génocidaire et flou:

La  » transmutation [du] système philosophique  » en  » communauté politique de foi et de combat « , capable de faire  » prendre corps à l’idéal « , ne peut se faire que par  » la conquête de la grande masse « . (Mein Kampf)

A partir de la déformation majeure de Nietzsche (le surhomme) initiée, sans doute, fin dix-neuvième siècle, par Rudolf Steiner, avec la permission d’Elisabeth, la conte se fait impératif. S’ y agitent pantins et automates: Golem renversé, Pinocchio maléfique, Frankenstein intellectuel d’avoir dévoré un livre de Hörbiger, trouvé à la gare…

Un monstre revenu de l’antiquité pour asservir tout sur la Terre: le Béhémoth (F. L. Neumann).

Les trains avanceront en effet, mais dans la nuit et le brouillard; le taylorisme conjugué au darwinisme social, dans une catastrophe aux allures de « synthèse unique » (Enzo Traverso).

Le conducteur ? un / des fou(s) à la tête d’un pays, le rendant fou lui-même: selon la synthèse peu discutable de Saul Friedlander…

Une machine binaire (ami/ennemi), améliorée d’un « opérateur-fuzzy »; capable alors de probabilités plus tranchantes…

Pour le cognitivisme avançons que:

Si l’activité usuelle cérébrale est (1 / 0 / abst. de 1 / 0)

Fascisme: (1 / 0) (suppression du neutre)

Nazisme: (1 /0) /Fz n.s.

L’opérateur flou n.s. restant en débat.

André Lichnerowicz a posé, avec Jean-Pierre Faye, les jalons de mesures historiques:

Dès la guerre perdue, en 1918, à l’extrème droite du « Fer à cheval de l’Assemblée de Weimar », surgît l’image d’une croix: Bünd au dessus de Völkich, Néo-Conservateurs faces aux Nationaux-Bolchéviques, quatre forces « antinomiques nonantagonistes« , périphériques à un mystérieux « zéro »; celui-ci, par une imparable formule de la théorie des « groupes transfinis », de Gallois (Formule NS: « surhomme » (faussement nietzschéen) + « Graal » (abusivement wagnérien)), avale les groupes d’abord contaminés, pour terminer sa courbe mathématique en « Etat-total »…

Ce zéro central à des groupes opposés, qu’il additionne et multiplie; « Hôte muet » du Tat Kreis, gesticulant et peu courtois, mais adoubé par un « anti-Maître Eckhart »(« Le bolchevisme de Moïse à Lénine: Dialogue entre Hitler et moi » fut publié à titre posthume, il fût démontré par la suite que Dietrich Eckart l’avait écrit seul (Plewnia, 1970)) , et qui, avec ce vade mecum peu reluisant, réalise l’opération, stabilisée seulement avec la nuit des Longs Couteaux… il faut qu’il ait trouvé un point fonctionnel assez fixe, et général, pour servir la durée de son expérience, toute entière dédiée aux glissements fonctionnels, avide en énergie morte: d’anti-gravitation, d’anti-germination, d’anti-fermentation…autant dire de strérilisation.

L’effet multiplicateur de ce zéro muet, « ce professeur de gymnastique » (J. Cavaillès), accuse le paradoxe de la démocratie, qui, par les urnes, décidera du pire, notamment après 1928: car si au tournant du siècle vingt, la nation « invente » le terme de migration, le syndrome n.s va « le retourner », avec son dogme racial, contre elle: la suite déraisonnable du lien, détecté par Anna Arendt, entre colonialisme, impérialisme et « ruée vers l’Afrique » des années 1880, et qui finira dans un bunker, en 1945, à maudire les Allemands pour leur faiblesse…

POINT FONCTIONNEL: La Hakenkreutz « volée« 

Entre Wien et Bratislava, se situe l’ensemble archéologique de Carnuntum, camp romain et agglomération sur le Danube. Plus grand ensemble de ce type en Autriche, étendu sur plusieurs kilomètres, on y trouve deux amphithéâtres et une « porte », symbole du site: Heidentor, la porte des païens, en fait à la gloire de Constantin.

Ce 24 juin 1875, une promesse de réunification entre Allemagne et Autriche, le consacre comme nouveau lieu de pélerinage du mouvement pangermaniste, et titre le premier livre en deux volumes, publié en 1888, d’un paléo-nazi: Guido List préside gravement cette excursion; avec ses amis qui l’accompagnent sur les ruines de Carnuntum, lors d’une grande fête du solstice, ils veulent commémorer la bataille au cours de laquelle les tribus germaniques auraient vaincu les Romains, vers 400 après J.-C.
Après un rituel du feu, huit bouteilles de vin sont disposées en forme de croix gammée et enterrées sous la cendre.
Héléna Blavatski, dans les mêmes années, utilise ce signe qui bientôt ornera également le mobilier de porcelaine de la Cour russe et des drapeaux de la Centaine noire; et jusqu’au centre de l’Asie, sur les armoiries du « Baron fou » Urgern Von Sternberget, en 1919, sur les casques du Sturmbteilung de Rossbach, dans le Baltikum.

Admiration d’une croix païenne (y comprit par les représentants du Dieu orthodoxe sur la terre ) en guerre contre l’autre croix, celle de la communion christique, voilà bien qui s’accorde avec Bulwer Lytton (l’antichristique); en ce début des année 1870, plus de 30 ans après l’écriture du Rienzi et sa reprise par Wagner, l’écrivain anglais dépasse son « simple » rôle d’amuseur, de saltimbanque ou même de penseur, pour se faire devin, prophète de la race ultime: « The coming race », avec ce contre-évangile enragé, à l’intar de ces suiveurs allemands, renaîtra l’ hyperboréenne Atlantide, reliée aux extraterrestres mais réfugiée au Tibet…

C’est l’assignation à un individu ou à une communauté d’une identité spécifique que l’on peut appeler leur identité narrative (P. Ricœur – Temps et récit), ici, il s’agira y comprit « d’identité textuelle »… notre étude parlera alors d’infratextualité.

Il faut pour rétablir la « race qui vient » dans son prétendu droit de préséance, recouvrir les atours du promeneur initiatique: chemin (l’est), maison (allemande), coupe (graal), épée (de Longinus), sorcière (Savitra Devi), sorcier (K M Willigut, Janussen, Krafft…)…ici -sans rien enlever aux explications philologiques, ésotériques, économiques ou psychanalytiques -le travail sur le « rêve éveillé dirigé » (R Desoille) devient assez opérant et il convient pour étudier l’un des thèmes majeur n.s. (qu’il relierait sans doute à un problème lié à la féminité) -:

Le « pôle du Graal », fable double (Dieu /dieux germaniques), « adapte » le grand motif du moyen-âge de « Conseil féodal » (la table des douze et de l’Elu représente l’assemblée des Barons), qui ne tombe en désuétude qu’avec la Renaissance.

Il devient « empoisonné déjà, chez Wagner »(entretien avec JP Faye, notant cependant qu’en dernier ressort, le musicien se référe à la « Grâce du pardon » reçue par le chrétien de Jésus; le syndrome n.s. se résume alors: « le Walhala sans la pitié wagnérienne« ).

La figure curieuse du couple « odinisme – chrétienté », illustrée par le »Loup de Tannenberg » et sa femme Mathilde Luddendorff, mais aussi « le Christ et Wotan » de Carl Jung, le syncrétisme flou de Rudolf Steiner, le délire heideggerrien, les armoiries gammées de Jorg Lanz liebenfiels…nombre de ces tribulations portent leur témoignage à ce nouveau graal n.s.; si peu compassionnel qu’il fût en réalité.

A la recherche de la noble vasque n.s., le bund « Hollenzollern », des Thurn von Taxis et de la noblesse prussienne / pangermaniste, « adapte » l’histoire des templiers allemands, qui, non sans rappels de tueries et de fastidieux impôts, serait plus classiquement et davantage, caractérisée par un idéal sincère de construction et de paix, que par la folle « poussée vers l’Est » des nazis.

Le sulfureux Stephan Georg, et « l’Etendart des Casque d’Acier », Ernst Junger, alimenteront la figuration du modèle de messie ambigü, et de chef, avant de s’en voir amèrement dépossédés; tandis qu’en lieux camouflés, -dans les salons de grands financiers et dans les loges noires, gnostiques et ultra-, se concentreront les lourds motifs d’une version de l’apocalypse.

Sebbotendorf, le Maître de Thulé, ramène de Turquie en 1917, un modèle de confrérie, dont les structures ont pû être discutées avec des militaires allemands compétents, de ceux qui assistaient les Jeunes Turcs en 1915, puisqu’il faut considérer l’histoire des génocides comme celle d’une « culture » (cf J. Semelin)…

Un « après-Clausewitz »? le théoricien n’aurait-t’il pas qualifié la relance idéologique de rassemblement de toutes les forces politiques dans la guerre du Grand Etat-Major en 1916, et pour cela « l’annexion » d’Arthur Moeller-Bruck (admirateur du théoricien), de « montée vers une extrème » ? N’est-ce-pas à cette même extrème que vont se lier les espoirs froids de la droite la moins dogmatique -mais prête à tout-, avec les buts hystériques de marginaux et de hors-systèmes ?

Bien éloignés dans le temps de leurs initiaux déjà passablement politiques, ces nouveaux symboles (Graal – Hollenzollern) représentent un « noyau fuzzy » premier . Sa nature, en elle même vide, va produire le « trou noir de la démocratie allemande », qui s’alourdira pendant les années de crises financières 1922 et 1929.

Ellipses du »coup de poignard dans le dos« , magnétisme de la lignée des Saxe-Cobourg, Hohenzollern, Hollenzollern…et bientôt de l’un des fils de l’Empereur, « Terre creuse » de Hörbiger, défendue par René Guénon… l’opacité nécessaire, conquise par « biais de segmentation » de la fable aryenne (mais qui ne demandaient, en définitive, aux familles Wagner – Thurn v Taxis, et à leurs amis, qu’à bien se tenir à table), ouvre la voie, -en 1920-, à ce qui restait impossible en 1913: la naissance du NationalSocialisme, le « trop grossier stratagème« , selon les termes de Wilhelm II, présenté à lui par le clan de la guerre, pour lutter contre la politique de Bethmann-Olweig, jugée trop clémente avec la gauche internationaliste

La guerre perdue, le temps historique – décevant – tourne cyclique, et sonne l’heure de la revanche. Les trop volages « Oiseaux migrateurs » se mueront bientôt en « Jeunesses Hitlériennes« , le « kamarade » sera renommé « volkgenosse« …cette technique du mîme « en volk » comme politique fonctionnera désormais, jusqu’aux promesses de paix des accords de Munich -et aux célèbres « frontières entre la France et l’Allemagne définitivement fixées« ; veille de l’effondrement, temps borné où l’économie sémantique allait sortir des coulisses – maintenue là par le prestidigitateur (plus que « magicien« ) H. Schacht-, pour désormais imploser publiquement.

Et toujours en parodiant Keynes -puisque n’utilisant jamais que les parties négatives de ses distinctifs-, afin de substituer au consommateur, le cadavre et le travailleur forcé…

Voilà qui est rendu possible par le Totalstaat de Carl Schmitt, pris chez Mussolini, mais construit, pour le furherprinzip, comme une situation d’exception, et dans laquelle peut se déchaîner « la solution finale », ultime chasse aux Juifs, commencée près de deux mille ans auparavant (R. Hilberg, la destruction des Juifs d’Europe); solution d’étape, préfiguration d’une « aryanisation » néo-féodale, qui prévoyait l’élimination des slaves et des tziganes, et dans laquelle l’handicapé, le noir, l’homosexuel, le communiste, ou le franc-maçon, n’auraient tout simplement plus droit à l’existence; enfin, où le chrétien aurait vite regretté, -pour lui-même -, les armes décisives données aux nazis, tout au long de leur marche vers le pouvoir, puis dans la fondation « juridique » d’un Etat de non-droit.

Une néo-aryanisation qui ne devient comique qu’avec la mise en miroir des discours de Berlin et Tokyo, jumelles néanmoins concurentes au statut de « peuple élu »; et qui se basaient si lourdement sur un pseudo-principe « aristocratique de la nature », plaçant la « force » au dessus de la « coopération », – un système largement réfuté par la science moderne -(cf Simone Weil).

Malgrès la pauvreté et l’innocuité de ses sources textuelles, le syndrome n. s. conserve un pouvoir d’attraction certain, mais reste ce pauvre héritage bien consternant, par le rhyzome (répétition fractale) de « glissements fonctionnels » qui caractérise ses formes.

Lire

Yves Lacoste, Jean-Pierre Faye, Georges Mosse, René Alleau.

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